Mgr Luc Ravel l'accueillera dans le cadre du Jubilé de Sainte Odile
Le cardinal Parolin, secrétaire d'Etat du St-Siège
est attendu à Strasbourg le 4 juillet pour des rencontres et une célébration à la cathédrale.
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L'archevêque de Strasbourg l'accueillera dans le cadre du Jubilé de Sainte Odile qui va mettre en valeur la vocation européenne de l'Alsace. Mgr Luc Ravel livre à DECERE quelques unes de ses réflexions, à cette occasion:
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Mgr Ravel: "Le cardinal Parolin est le numéro deux du pape et il a une envergure internationale qu'il partagera aussi à toutes les grandes personnalités, aussi bien religieuses que politiques, économiques, culturelles d'Alsace, juste avant la messe (du 4 juillet après-midi), de sorte qu'il y ait cette espèce de connivence entre quelqu'un qui a une vision mondiale et l'Europe et l'Alsace qui doivent se situer dans ce contexte aujourd'hui mondial.
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La vocation européenne de ce diocèse est le fruit de l'histoire. Si Strasbourg a été choisie évidemment pour implantation majeure d'institutions européennes essentielles, c'est en raison de son histoire et son histoire est liée à sa géographie. C'est une intersection, une intersection d'empires, d'Etats, de cultures. Et si, aujourd'hui, l'Alsace est véritablement délimitée d'un côté par la crête des Vosges, de l'autre côté par le Rhin, en réalité, elle appartient à une sous-région européenne.
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Il faut savoir que cette région du Rhin supérieur est la région la plus puissante au plan économique, de toute l'Europe. Il y a là, évidemment, un enjeu économique, social, mais aussi un enjeu, bien sûr spirituel et donc un défi pour nous. Comment commencer à initier une pastorale transfrontalière sur cette région qui va de Bâle à Stuttgart en passant par Strasbourg et Mulhouse? Voilà l'enjeu principal d'une Europe qui ne doit pas se limiter simplement à des institutions qui sont certainement très nécessaires, des structures parfois très complexes et très difficiles à comprendre en dehors de quelques milieux un peu spécialisés.
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Mais la vocation européenne, c'est peut être par rapport à la France, entre autres, cette "France de l'intérieur" que nous aimons aussi, d'être le signe que l'Europe va se construire par ses frontières qui nous ont séparés, qui nous séparent encore parce qu'il y a des fiscalités différentes et des sécurités sociales différentes, etc., donc qui nous freinent encore, c'est sûr. Mais elles peuvent être des coutures comme les coutures des pièces différentes d'un vêtement. Donc, je crois qu'il ne faut jamais oublier que l'Europe se construit par le haut: avec le Conseil européen, la Cour européenne, avec toutes ces institutions qui rassemblent des chefs d'Etat, des ministres et autres. Et elle se construit aussi par le bas, dans des réalités frontalières pour qui l'Europe est une évidence. C'est le cas de l'Alsace.
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Ainsi donc, c'est bien par un long processus historique que nous pourrons continuer de construire, au niveau des institutions comme au niveau de la base, des frontières, une Europe du futur et probablement pas une Europe où sont gommées les nations, comme certains le souhaitent. Le mot international, que nous n'avons pas de raison de récuser, signifie « entre les nations », et ne suppose pas la disparition des nations. Les Nations unies, ça veut bien dire que les nations restent des nations mais dans une unité supérieure, ce n'est pas nouveau. Ce qui pourrait être nouveau, c'est que ce futur soit, selon la pensée des fondateurs de l'Europe, innervé de l'intérieur, c'est-à-dire porté de l'intérieur par un climat de fraternité dont les chrétiens pourraient être vraiment les promoteurs. Parce que nous avons la raison ultime de cette fraternité. Ce n'est pas tant notre origine, cependant commune, que notre finalité, être fils d'un même Père".